Paradis fiscaux et délocalisations

Il y a de cela une vingtaine d'années je discutais avec un Ingénieur Conseil d'une grande Banque des délocalisations ou plutôt des investissements des grands groupes français en Chine pour exporter les produits fabriqués chez nous...oui il y a 20 ans!
 
Il m'expliquait avec suffisance que ces produits étant importés à un prix très bas et revendus en France avec une forte marge, l'essentiel de la valeur ajoutée, constituante du PIB restait en France et que donc ce n'était pas grave! Ceci n'entamait que très peu la base des cotisations sociales et fiscales.
 
Depuis les grands groupes ont affiné le processus et l'achat par leurs filiales de commercialisation en France (en Europe ou aux EU ) est facturé non plus par la filiale chinoise qui fabrique mais par une autre filiale située dans un paradis fiscal  (qui accapare la marge) et le prix payé par la filiale française est presque aussi élevé que le prix de vente aux consommateurs: pas de valeur ajoutée en France et pas d'impôts sociétés non plus....et en plus on montre aux syndicats français les comptes de la filiale française à la limite des pertes en leur disant que leurs salaires trop élevés en sont la cause! 
 
Les marchés européens et  américains avalent 90% des productions faites dans les pays à bas coût et sont donc indispensables à ces pays. Jusqu'ici ce processus à détruit des millions d'emplois dans les pays consommateurs et  réduit les salaires des emplois restants . La crise (la récession) est due fondamentalement à ça. Les clients n'ont plus les moyens d'acheter (avec de vrais revenus). Mais désormais l'essentiel des marges sur les produits vendus dans ces pays se fait dans les paradis fiscaux !
 
Le monde est en surcapacité de production par rapport à la clientèle solvable. 
 
Les subprimes, la crise financière ne sont  que la conséquence de ce phénomène fondamental car celles-ci résultent du fait qu'on a essayé de faire des crédits à des gens de plus en plus insolvables pour qu'ils continuent d'acheter! Depuis un an environ, les dirigeants Chinois distribuent à leur population des crédits massifs pour compenser la chute de leurs exportations et absorber une partie de leur production mais les limites, même pour un pays si riche en réserves de change, sont proches....
 
Cette mécanique infernale a trouvé son moteur dans ce que l'on appelle (dans les milieux financiers) la ''création de valeur pour l'actionnaire'': Autrefois une entreprise pour se développer et créer de la valeur, devait sans cesse améliorer sa productivité, créer de l'innovation, affuter son outils industriel et disposer d'une main d'oeuvre qualifiée et fidèle. Tout ceci avec une tradition managériale respectueuse du rôle de l'entreprise dans la société que ce soit vis a vis des personnels ou de l'environnement immédiat. Dans les dernières années il suffisait de délocaliser la production et les résultats imposables pour augmenter le rendement du capital. Les actionnaires des grands groupes, totalement invisibles, (capital dispersé aux 4 coins du monde) ont alors pu inciter les dirigeants à agir, sans prendre en compte les drames humains liés aux fermetures d'usines ici et a fermer les yeux sur les conditions d'exploitation très dures réservées tant aux personnels qu'à l'environnement des nouveaux sites de production. La croissance énorme des salaires et revenus distribués à ces cadres dirigeants trouve sans doute là son explication la plus pertinente. Cela n'aurait sans doute pas été possible non plus sans la coopération d'hommes politiques sensibles aux arguments des lobbies et totalement aveugles aux conséquences économiques et sociales de leur passivité. 
 
La sortie de crise dont on nous rebats les oreilles depuis quelques mois ne résulte que des énormes déficits constitués par les Etats pour réalimenter la machine des achats....maintenant les Etats à leur tour deviennent insolvables et il n'y a plus de recours.
 
Le PIB d'un pays quel qu'il soit, dépend  pour être solide, de la bonne santé des 3 secteurs de l'économie: le secteur  primaire (extraction minière et agriculture) secondaire (industries en tout genre) et tertiaire: le tertiaire ne peut se financer sans les deux autres.  Le tertiaire (administrations, services à la personne ou a l'entreprise) est en effet financé par les impôts, les salaires ou les cotisations sociales et les TFSE (travaux, fournitures et services extérieurs ) des entreprises productives.
 
Le commerce peut être considéré comme une entreprise productive à condition de disposer d'une marge brute normale lui permettant de payer ses facteurs de production et des impôts alimentant les caisses de l'Etat ou il s'exerce.  
 
Solutions:
 
faire disparaître les paradis fiscaux....ou ce qui est moins belliqueux obliger toutes les sociétés qui vendent dans les EU et en Europe (zone euro) à réaliser dans ces pays une marge brute conséquente sous peine de se voir taxées
 forfaitairement.


26/03/2010
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